Favoriser l’intelligence collective en entreprise grâce aux cercles de co-développement : méthode et bénéfices

Favoriser l’intelligence collective en entreprise grâce aux cercles de co-développement : méthode et bénéfices

Qu’est-ce qu’un cercle de co-développement et pourquoi l’utiliser ?

Un cercle de co-développement professionnel est une méthode d’apprentissage entre pairs, fondée sur l’intelligence collective. Mise au point par Adrien Payette et Claude Champagne au Québec dans les années 1990, cette approche consiste à réunir un petit groupe de professionnels (6 à 8 personnes) qui se rencontrent régulièrement pour résoudre des problématiques concrètes liées à leurs pratiques professionnelles, à travers une méthode structurée.

Dans un monde professionnel qui évolue rapidement, les silos dans les entreprises peuvent freiner l’innovation et l’engagement des collaborateurs. Les cercles de co-développement offrent des espaces de parole sécurisés favorisant l’entraide, le développement des compétences et la coopération transverse. Ils sont particulièrement adaptés aux environnements en transformation qui cherchent à stimuler l’autonomie, la responsabilité et la co-construction des solutions.

Les étapes pratiques pour mettre en place un cercle de co-développement

Mettre en place un cercle de co-développement nécessite une préparation rigoureuse et l’utilisation d’outils éprouvés. Voici les étapes clés pour assurer une mise en œuvre efficace au sein de votre organisation :

  • Identifier un objectif clair : Le cercle doit répondre à un besoin identifié : améliorer la collaboration, favoriser le leadership, accompagner le changement, résoudre des problèmes métiers, etc.
  • Constituer le groupe : Idéalement, 6 à 8 membres issus de fonctions ou départements différents mais ayant des enjeux professionnels similaires. Évitez d’intégrer un supérieur hiérarchique dans le groupe pour garantir la liberté de parole.
  • Former un animateur : La présence d’un animateur formé à la méthode est essentielle pour structurer les échanges et veiller au respect du cadre. Cela peut être un manager, un coach interne ou externe.
  • Planifier la première session : Chaque session dure généralement entre 2 et 3 heures et suit un déroulé précis en 6 étapes, centré sur un « client » qui présente sa problématique.
  • Utiliser une méthode structurée : La méthode originelle Payette/Champagne est la plus utilisée. Elle comprend les étapes suivantes : exposé de la situation par le « client », clarification par les « consultants », contrat de consultation, consultation, consolidation des apprentissages et évaluation.
  • Répéter les sessions régulièrement : Un cercle durable se réunit idéalement toutes les 4 à 6 semaines. Cela permet de maintenir une dynamique d’apprentissage et de soutien mutuel.
  • Étude de cas : le groupe SNCF poursuit son virage culturel grâce aux cercles de co-développement

    Le groupe SNCF a expérimenté à grande échelle l’utilisation des cercles de co-développement dans le cadre de sa transformation culturelle engagée depuis 2017. Face aux enjeux de digitalisation et de transversalité, la direction des ressources humaines a décidé d’outiller ses managers et collaborateurs avec des dispositifs favorisant le travail collaboratif et la responsabilisation. Ces cercles ont été introduits notamment pour soutenir les managers de proximité confrontés à des situations complexes.

    Des animateurs internes ont été formés à la méthode Payette/Champagne via des formations dispensées en partenariat avec des cabinets spécialisés. Chaque cercle choisi portait sur une thématique précise : soutien au leadership, gestion du changement, développement des postures coach, etc.

    Les résultats ont été mesurables :

  • Amélioration de la posture managériale : 78 % des participants ont déclaré avoir amélioré leur capacité d’écoute et de questionnement.
  • Montée en compétences collectives : Des solutions apportées dans un cercle ont été répliquées dans d’autres équipes, décuplant l’impact organisationnel.
  • Renforcement de la transversalité : Les groupes mélangeaient différents métiers et directions, favorisant la désilotisation.
  • Outils et technologies pour faciliter les cercles de co-développement

    Bien que la méthode se base sur une dynamique humaine, certains outils numériques peuvent renforcer l’impact des cercles, notamment en contexte hybride ou distanciel :

  • Zoom ou Microsoft Teams : Pour organiser les sessions à distance. Des fonctionnalités comme les salles en sous-groupe facilitent les temps de travail par binôme ou petit groupe.
  • Klaxoon : Outil collaboratif permettant de documenter les cycles de co-développement, de partager les apprentissages et de conserver les traces des échanges.
  • Miro ou MURAL : Pour structurer les étapes de la démarche en visuel (cartes de questionnement, fiches problème, etc.). Très utile pour animer les phases de clarification et de consolidation.
  • Canal Slack ou Teams dédié : Il est pertinent de créer un canal entre deux sessions pour maintenir la dynamique, échanger des ressources ou prendre des nouvelles des actions mises en œuvre.
  • Conseils pratiques pour mobiliser les collaborateurs et maintenir la dynamique

    Pour que les cercles de co-développement produisent des bénéfices durables, certaines conditions doivent être réunies :

  • Encadrer la démarche sans la hiérarchiser : Les cercles fonctionnent mieux sans pression managériale directe. Il est donc recommandé de sponsoriser la démarche tout en laissant les groupes autonomes dans leur organisation.
  • Favoriser la sécurité psychologique : L’adhésion repose sur la confiance et la bienveillance. Dès la première session, le codex du groupe doit être co-construit : confidentialité, non-jugement, écoute active.
  • Capitaliser sur les apprentissages : Instaurer une « veille partagée » en demandant à chaque membre de documenter ses apprentissages et leurs effets concrets sur le terrain.
  • Offrir des témoignages inspirants : Faire témoigner un collaborateur ayant bénéficié d’un cercle auprès d’autres équipes peut susciter l’envie. Des vidéos internes ou des séminaires de retour d’expériences sont souvent efficaces.
  • Les bénéfices prouvés du co-développement en entreprise

    Les retours d’expérience d’entreprises telles que Orange, La Poste ou la MAIF montrent que la méthode de co-développement peut produire des résultats très concrets, au-delà de l’apprentissage entre pairs. Voici les principaux bénéfices documentés :

  • Amélioration des capacités de résolution de problème : En mobilisant l’intelligence collective, les participants acquièrent une plus grande agilité à faire face aux situations complexes.
  • Développement de soft skills clés : L’écoute active, la communication bienveillante, la posture de questionnement gagnent en profondeur à chaque session.
  • Engagement et responsabilisation : Se sentir écouté et pouvoir contribuer aux problématiques d’autrui accroît le sentiment d’appartenance et de responsabilité dans l’entreprise.
  • Transformation culturelle en profondeur : En diffusant peu à peu cette culture de la co-construction, les cercles facilitent la transformation managériale vers plus d’autonomie et de co-responsabilité.
  • Conclusion opérationnelle : passer à l’action

    Les cercles de co-développement ne nécessitent ni gros investissements ni changements structurels. Ils s’intègrent dans les organisations existantes comme des leviers subtils mais puissants d’évolution culturelle. Pour passer à l’action :

  • Identifiez un petit groupe pilote prêt à expérimenter la méthode dans une logique de test-and-learn.
  • Formez un ou deux animateurs internes ou faites appel à un facilitateur externe.
  • Planifiez 3 à 5 sessions dans un calendrier fixe pour ancrer la dynamique.
  • Recueillez des feedbacks à chaque session pour améliorer la démarche.
  • Communiquez sur les résultats obtenus pour inspirer d’autres équipes.
  • En favorisant le développement personnel et collectif, le co-développement s’impose comme un outil précieux pour renforcer l’agilité des organisations et dynamiser le capital humain de manière collaborative.